2008-2009 : direction Brésil !

N°2 : Traversée Cap Vert - Brésil, 15 novembre - 4 décembre 2008






Le samedi 15 novembre on lève l'ancre à 15h, direction Salvador de Bahia à à peu près 2000 miles nautiques. Avant la fin de la nuit on a quitté les perturbations liées aux îles, vent rafaleux et mer hachée et retrouvé la houle de l'Atlantique avec un vent régulier mais pas trop fort.
On s'installe vite dans le rythme de la transat ; c'est confortable mais le vent n'est pas au rendez-vous, rarement plus de 10 nœuds et on a du mal à passer les 100 miles par jour.



Le mardi et le mercredi, on ne fait que 80 miles; le jeudi 20 miles en vingt quatre heures, la plus mauvaise journée. On a tout affalé à 17h jusqu'au lendemain 6h. J'ai doublé en bidon mes réserves de gazoil mais on les réserve pour la traversée du pot au noir.
La bande anti-UV du génois lâche sur vingt centimètres, Christian recoud tout ça comme un chef sur place. Il a aussi réparé les WC qui étaient complètement entartrés. Ce sera les deux seules avaries de la transat.
On voit beaucoup de cargos, de jour comme de nuit. On est sur la route Europe /Amérique du Sud. On pêche une énorme dorade le vendredi matin.



L'après midi on est accompagnés par les dauphins. Très rapidement des grains se forment devant nous et à 16h on prend la première pluie depuis notre départ de France il y a seize mois. Bienvenue dans le pot au noir! C'est une zone entre les alizés de Nord Est et ceux de Sud Est. Cette zone est plus ou moins large, mais en gros plus on est à l'Ouest plus elle est étroite. Il y a peu de vent et beaucoup de grains. A l'avant des grains ça souffle dur, puis la pluie arrive, le vent tombe et c'est le déluge.



Pour nous c'est du bonheur de voir le Pjuske nettoyé de toute la poussière de l'Afrique et du Cap Vert. La nuit suivante se passe au milieu des grains et le samedi on traine moitié à la voile moitié au moteur. Heureusement on a pêché un beau Tasard.
Le dimanche après-midi, on sort du pot au noir aussi soudainement qu'on y est rentré. Le ciel s'éclaire très vite, le vent de Sud est arrivé et en deux heures on est reparti. Ce jour là on croise la route que j'avais faite avec la Casadelmare trois ans auparavant entre Capetown et Bordeaux.
Le lundi midi, on repend un reste du pot au noir, ça va durer vingt quatre heures, peu de vent,encore des grains, mais le mardi midi on en est définitivement sortis. On aura fait vingt quatre heures de moteur alors qu'on avait du gazoil pour en faire une centaine au cas où!!! On va pouvoir en revendre au Brésil.



Le vent est presque Sud ce qui ne nous arrange pas. En plus il est assez fort, 20 nœuds, donc on navigue penchés au prés assez serré. On pense que ça ne va pas durer, car normalement les alizés devraient être de Sud Est, mais en fait on va rester comme ça six jours jusqu'au au dimanche dans la journée. Le vent restera toujours à 20 nœuds en moyenne, le max étant 26. Ce n'est pas ce que j'avais promis à Tove. Pour ne pas fatiguer le bateau qui est âgé comme son capitaine et pour ne rien casser vu que c'est moi qui paye, on navigue avec la grand voile à trois ris, l'artimon à deux ris et on joue avec le génois à enrouleur suivant la force du vent. On aura toujours fait plus de 120 miles par jour durant cette période.
Rien n'est facile sous cette allure, surtout faire la cuisine, mais Christian a mijoté des plats qui ont sauvé le moral de l'équipage. On prenait la météo tous les deux jours et on savait que ça allait durer. On a passé l'équateur le mercredi 26 novembre au 29ème degré Ouest.



Vu l'état de la mer, pas de champagne ni de foie gras, tout sera gardé pour l'arrivée à Salvador de Bahia. L'après-midi de ce grand jour, il nous arrive un gros porte container sur l'arrière. On réussit à discuter en radio avec le commandant ce qui est assez rare car les cargos ont souvent autre chose à faire qu'à papoter avec les voiliers. On apprendra ainsi qu'il ne nous avait pas vu.

Container vu du Pjuske

Pjuske vu du container!


Il a aussi des passagers payants à bord et ce sont des bordelais. Entre temps il nous a doublé, mais il fait demi tour, nous repasse sur l'autre bord, refait un autre demi tour et nous redouble sirène à fond. Rencontre sympa sur l'équateur. Enfin le dimanche 30 on peut ouvrir un peu les voiles et le bateau est moins gité. Ça va tout de suite mieux. On passe les îles brésiliennes de Fernando de Noronha et on longe la côte à 100 miles pour éviter le trafic. Le vent est passé complètement arrière, mais toujours autour de 20 nœuds. Le jeudi 4 décembre on arrive au petit matin en vue de Salvador de Bahia.



Des immeuble immenses comme à Manhathan, situés sur une presqu'île que nous mettrons trois heures à contourner avant d'arriver au port.
Douches, papiers, resto, nettoyage du bateau, quelques menus travaux et on est prêts à visiter Bahia. Par respect pour mes équipiers, Christian et Bernard, les résultats des parties de belote ne seront pas dévoilés sur ce site.