Les Antilles |
Le Pjuske aux Antilles |
La voile ? un trou sans fond où tu mets tes économies. - (ma femme)
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Première étape Antigua. Nelson Harbour, port naturel qu'on ne voit pas du large, repère de Nelson. Il faut dire que les Français et les Anglais n'ont pas arrêté de se fritter aux Antilles. Toutes les îles ont des forts datant de cette époque. ![]() Nous quittons Antigua pour Saint Barthélémy et sa capitale Gustavia. Comme les Saintes c'est très européanisé, peu de blacks, et beaucoup de fric. Après avoir visité une journée, on part mouiller deux jours dans l'anse fourche à l'ouest de l'île. Après une courte nav nous voilà a St Martin, île qu'on partage avec les Hollandais. Ca ressemble un peu à l'ambiance de St. Barh. Il y a plusieurs paquebots à l'ancre et on voit le Norway, ex-France au mouillage. Il fait très vieillot par rapport aux paquebots actuels. On rentre dans le lagon et on mouille sur la frontière . On prend l'annexe pour aller à St Martin et on découvre le décor du film Speed 2. La séquence finale montre un paquebot fonçant à terre sur un village. Quand on arrive face au décor en ville on dirait effectivement un vrai accident, la cloche de l'église pend même à l'étrave du bateau. ![]() Il faut songer à revenir, Sigrid arrivant bientôt en Guadeloupe. On passe par Saba (St. Eustache ) possession hollandaise, où tout est calme, peu de touristes, que deux bateaux avec nous. La capitale est un gros bourg tranquille. Cap sur St Kitts et Nevis . On visite la capitale puis on va faire de l'eau au port de pêcheurs. Mon tuyau d'eau se déboîte à l'intérieur du bateau et au lieu de remplir le réservoir je remplis les cales. Quand je m'en aperçois j'ai déjà 100 litres d'eau dans les fonds et ça fait rire les blacks sur le quai. Après ça nous allons passer deux jours dans une baie tranquille au sud de l'île où nous serons seuls. Nous nous arrêtons un dimanche à Névis. Comme dans toutes ces îles, ça roule à gauche, ça porte des uniformes pour aller à l école, et le dimanche ils sont très habillés pour aller à l'office. Et ici il y en a beaucoup d'églises de tous genres, ils prêchent la porte ouverte et c'est à celui qui hurlera le plus. Direction Montsérat, une des seules possessions anglaises avec Anguilla au nord de St Martin. Leur volcan s'est réveillé et déjà la moitié de l'île est sous les cendres ainsi que la capitale. ![]() A l’aller nous étions passés assez loin car la navigation est déconseillée autour de l'île. On avait aperçu une éruption et la colonne de fumée qui avait suivi était allée très, très haut. La population s'est réfugiée au nord de l'île. Nous choisissons une baie où il y a quelques maisons et descendons à terre. Après une heure de ballade nous sommes accostés par un grand black qui porte une salopette de maçon et un masque anti poussière. En fait c'est le douanier local qui nous reproche d'avoir débarqué sans faire la paperasse habituelle à chaque entrée dans chaque pays. On négocie ferme et on a l'autorisation de passer la nuit là, après lui avoir offert une bière au bar local. Le lendemain, on longe la côte sud à quelques encablures , tout est recouvert d'un mètre de cendres et la capitale est totalement ravagée. Les yeux nous piquent et le pont se couvre d'une fine couche de poussière. On part donc pour la Guadeloupe. C'est avec joie qu'on récupère Sigrid. La famille est au complet pour quinze jours. On traine sous le vent de la Guadeloupe et on plonge à l'îlot Pigeon, là où Cousteau a fait son premier film grand public, puis direction les Saintes où on passe quatre jours à profiter de ces îles. ![]() Après ça, direction la Dominique. On arrive à Portmouth dans le nord de l'île et on la visite de fond en comble en taxi local, c'est-à-dire un minibus qui roule à tombeau ouvert. C'est aussi le carnaval et ils sont assez allumés par la bière et d'autres substances aussi. Un semi remorque avance au pas dans la rue et il est chargé d'enceintes énormes et le bruit est dément. Le disc jokey est juché tout en haut et ça roule. On revient en Guadeloupe à Basse Terre pour laisser Tove et Sigrid rentrer vers le froid. ![]() On se retrouve, Emile et moi, seuls pour deux mois et demi. Il a bien avancé ses cours du Cned (centre d'enseignement à distance) donc ça va être cool. On repart sur la Dominique où j'ai une copine dont le mari est coopérant. On les retrouve à Roseau, la capitale, et ils ont une fille de l'âge d'Emile. On se ballade à travers toute l'île en taxico, minibus avec rasta et musique à fond, on s'arrête quand on veut et on repart avec le suivant ; c'est très économique et les gens sont très agréables. Peu de bateaux s'arrêtent en Dominique car il y a eu des embrouilles et un meurtre ou deux mais on ne sait pas où ni quand. Nous, on a adoré et l'année suivante j'y ai passé plein de temps et y ai emmené plein de monde et tous ont apprécié. De plus c'est l'île la plus sauvage des Antilles, la plus haute et celle où la foret vierge est la plus importante. C'est aussi celle où il reste les derniers indiens caraïbes des Antilles, mais hélas dans une réserve à l'est de l'île. ![]() ![]() En débarquant du zodiac Emile marche sur des oursins, il en a plein le pied. Surtout ne pas charcuter, le seul remède est d'uriner sur les piquants et ça disparaît au bout de quelques jours. Donc j'ai pissé sur mon fils chaque fois que j'en avais envie. Cap sur la Martinique. On mouille à St Pierre l'ancienne capitale qui a été détruite par l'éruption de la Montagne Pelée au début du siècle. Dans la nuit je me réveille et, mu par un pressentiment, je sors. Il y a un cata qui dérape droit sur moi. Je plonge en bas et ressort avec la corne de brume. Deux personnes sortent du cata juste avant le choc. Emile est là aussi avec deux para battages. Le cata a pivoté et glisse le long du Pjuske . On le tient écarté à quatre et les gens à bord ont l'air tétanisé, ils ne disent pas un mot, et disparaissent dans la nuit sur l'arrière. Le bateau n'a rien.. ![]() Du coup, le lendemain, en arrivant à Fort-de-France, comme il y a beaucoup de vent, j’empennelle, c'est-à-dire que je mets deux ancres en ligne au bout de la chaîne. On reste deux jours à F. de F. puis on part à Sainte Lucie au sud. ![]() On fait trois ou quatre mouillages avec des gens qui ont un labrador, comme nous, en France et Emile passe son temps dans l'eau avec lui. De plus, ils doivent penser qu'on n’est pas trop bons en cuisine car on est très souvent invités à leur bord. Emile fait aussi de gros progrès en planche à voile, par contre les vélos rouillent à bord . ![]() Les gens roulent trop vite dans ces îles et ça craint pour les cyclistes. Au lieu de continuer vers le sud, on revient en Martinique car on a des copains qui ont loué une maison pour huit jours : Gerard, Martine, Philippe et Danielle. ![]() On mouille au Marigot du Diamant et avec un tirant d'eau de 1,80 mètres ce n’est pas facile. On passe trois jours ensemble et pour la seule fois en six mois on ne dort pas à bord. Et pour la seule fois en six mois on se lave à l'eau douce. Autrement pour nous le nettoyage se passe comme suit : plouf dans l'eau, on remonte à bord, shampoing et savonnage avec des produits qui moussent à l'eau de mer, et replouf pour rincer. ![]() Après ces quelques jours, bien alcoolisés, on repart au sud . Cap sur les Grenadines, avec une première escale à Bequia. Ce sont les fêtes de Pâques dans cette petite île. Du coup, on y passe une semaine car Emile a trouvé un copain et ils construisent à trois un petit bateau pour la régate des enfants de la fin de la semaine. Il y a des bbq (barbecue ) géants sur la plage, le rhum coule à flot et la musique toujours à fond. ![]() On a ressorti les vélos et on se promène bien. Je fais aussi ressouder mon collecteur d'échappement mais je dois penser à le changer bientôt. Après une escale à Canouan où un pécheur nous vend deux langoustes pour un prix dérisoire on arrive aux Tobago Keys. Cinq îles inhabitées derrière un immense récif en fer à cheval. On mouille dans trois mètres d'eau et on passe nos journées à plonger sur le récif avec masque et tuba ; c’est suffisant ; il y a très peu d'eau. C'est un parc naturel donc pas de pêche alors on voit de tout comme poissons et comme corail. Je vois même un requin dormeur sous le bateau et on plonge vite pour le voir de près. ![]() Après quelques jours, on continue par Union pour faire du ravitaillement puis on va à Grenade. La première île de ce pays est Carriacou qu'on visite en vélo. Emile a treize ans et on trouve un petit resto français perdu ici. On peut téléphoner à la maison et après un bon repas, Emile se voit offrir un beau gâteau. Sympa, le resto Poivre et Sel. On file à Grenade où on mouille dans la capitale. Emile, distrait, perd par terre la plus grosse glace que je lui ai achetée pendant notre séjour aux Antilles, et ce devant plein de blacks hilares. ![]() On visite l'île comme toujours en taxico et en soirée, on passe trois heures en forêt avec un rasta qui nous montre toutes les plantes et arbres du coin, le plus important à Grenade étant la noix de muscade. On part mouiller dans le sud de l'île dans un coin où on est absolument seuls. On est super bien accueillis dans le village, le rhum étant même offert par un autochtone. C'est là qu'Emile goûtera son premier. Il faut songer à rentrer. On fait une pause à Mayero, île qui domine les Tobago Keys et là encore on dégote un mouillage pour nous, seuls. ![]() Puis on repart mais derrière Mayero le vent tombe et le brave moteur refuse de démarrer. On va au mouillage à la voile mais je n'arrive pas à réparer. On repart donc, cap vers la Martinique à la voile. On y arrivera le lendemain matin et on pourra réparer ça aux Trois Ilets. De là, on file au Marin où on laissera le bateau pour deux mois. Léo et Marie, amis Suisses rencontrés lors d'un stage de voile, l'emmènerons au Venezuela en Juillet pour éviter la saison des cyclones aux Antilles. ![]() On est début mai 97 et : sacs ,vélo, guitare, avion, boulot. Six mois plus tard, nous voilà à Puerto de le Cruz après un vol Bordeaux – Paris - Fort-de-France – Caracas - Barcelonna. Je suis accompagné par Alain et Jérôme. On reste bloqués cinq jours pour un problème de vibration sur l'arbre d'hélice. Le bateau hors de l'eau. Il fait très chaud et très humide. On est contre un bidonville très pauvre mais la marina fait très riche et le soir elle est gardée par des vigiles armés. Contrairement aux conseils des autres bateaux, on sort beaucoup et on trouve les gens sympas et serviables pour nous renseigner pour les problèmes de courses, cartes bleues ou téléphone. La bière et les restos sont à des prix très bas. On réussit à partir vers l'île de Margarita où nous passons deux jours puis cap vers la Martinique. On longe au moteur la Péninsule de Paria pendant 14 heures, au moteur, face au vent puis on fait cap au nord pendant 48 heures jusqu'au niveau de la Martinique mais on a été poussés à l'ouest par le vent et les courants et on vire de bord pour atteindre, 24 heures plus tard, le mouillage de Wallalibu Bay à St Vincent après trois jours et demi de mer. Les conditions ont été un peu dures pour mes équipiers car on a fait que du près et on a essuyé trois ou quatre gros grains à plus de 30 nœuds de vent. Jérôme a été bien mais Alain est resté couché avec un bon mal de mer pendant 60 heures. ![]() On remonte sur la Martinique en faisant une pause pour voir les copains qui étaient en coopération l'année avant en Dominique et qui sont maintenant à Ste Lucie. ![]() On arrive en Martinique où Jérôme nous quitte après trois semaines à bord. Alain reste une semaine de plus mais il a son comptant de navigation alors on reste au mouillage des Trois Ilets à se reposer. Après son départ, je monte, après un long arrêt en Dominique, en Guadeloupe pour récupérer Bébert, Yvette, David et Martine. Ils ont 12 jours de vacances ; on fera donc au plus simple c'est-à-dire Guadeloupe, les Saintes, Porthmouth et Roseau en Dominique, puis la côte sous le vent de la Martinique. ![]() Après les avoir laissés, je refais exactement le trajet inverse avec mon frère Bruno et sa femme Sandrine mais là pendant quinze jours. Puis je redescend seul en Martinique récupérer Tove et nous allons passer quelques jours en Dominique en attendant les enfants qui viennent quinze jours pour les vacances de Février 98 . ![]() On refait la route classique déjà faite avec Emile l'année avant vers les Grenadines par Sainte Lucie, St Vincent, Tobagos Keys, Union et retour. Tout se passe bien. ![]() Après leur départ, je reste entre la Martinique et la Dominique à préparer le bateau pour la transat retour qui se fait en Mai - Juin pour être à la bonne période. Hélas pour moi c'est celle où j'ai beaucoup de boulot dans les vignes (j'en vois qui rigolent ) donc c'est David, un des autres fils de Pierre le Breton, qui le ramènera, seul, en Bretagne, en un mois et demi. Merci a lui. |
1999 On est calme. Le bateau a passé l'hiver 98/99 en Bretagne pour y faire une belle jupe arrière et une nouvelle peinture, puis je le mets à La Rochelle pour une année. L'été 99 on l'échange contre un voilier Danois de dix mètres pour trois semaines. Les danois ne quittent pas le port de La Rochelle car ils trouvent le Pjuske un peu grand par rapport à leur bateau, ils n'ont pas l'habitude de la marée et ils ont deux enfants en bas âge. Donc il leur sert d'hôtel. Nous, au contraire, on navigue autour de la Fionnie dans la Baltique. Il y a peu d'eau, les ports sont bondés mais les gens charmants, même les allemands, et même en étant à couple en quatrième ou cinquième position on réussissait à avoir l'eau et l'électricité. Ce sont des navigations calmes, on voit l'île où on va dès qu'on sort du port de départ, et Tove a toujours de la famille dans le secteur où on se trouve pour aller faire la fête le soir. En Décembre 99, tempête sur l'ouest. Le port de La Rochelle est ravagé. Le Pjuske est resté accroché au ponton mais le ponton a lâché. Résultat : le mât d'artimon ne tient que par deux haubans, la peinture neuve est à refaire à tribord arrière et les rails de fargue bâbord et tribord arrière aussi. |