2007-2008 : découverte de l'Afrique

Sine Saloum




Départ de Dakar le 17 novembre à destination du Siné Saloun pour effectuer une mission médicale avec Voiles Sans Frontieres. On a 60 miles à faire, soit une nuit en mer.
On est trois bateaux : Choume, Tiki et Pjuske, avec chacun quatre personnes à bord.
L'équipe se compose de douze personnes :
- Sur Pjuske : Philippe, dentiste à la retraite et Corinne sa femme et assistante et bien sur Tove, infirmière.
- Sur Choume : Claude, skipper et coordinateur de la mission, Henriette, sa femme, chargée de l'intendance et de nous nourrir le soir, Mathieu, opticien et Johnny, journaliste qui va faire un reportage et actualiser le site de VSF.
- Sur Tiki : Jean Francois, skipper, Alix et Thomas, médecins et Yves qui s'est occupé de toute la logistique et du chargement au départ de la France des dix voiliers qui ont portés des colis vers le Sénégal.




On mouille à Djiffer, à l'entrée du fleuve pour attendre Choume qui a été retardé. En fait, le fleuve est séparé de la mer par un cordon dunaire et une tempête y a ouvert une brèche qui nous économise beaucoup de miles en nous évitant de prendre l'entrée principale beaucoup plus au Sud. Malgré tout, la passe est difficile mais Claude la connait bien : ca fait quatre ans qu'il vient ici pour VSF.
On doit longer la plage à 30 m du bord sur 300 m puis virer à 10 m de piquets et hop, on est dans le fleuve. Impressionnant!


Plage à 30 m


Puis, on remonte le Siné Saloun sur quinze miles à la voile, génois seul. On est poussés par la marée montante (ça rappelle la Garonne), il y a des bouées aux endroits stratégiques. A 18h, on quitte le Saloun pour prendre un bolong : c'est à dire un bras secondaire. Un peu plus tard, on mouille devant Djirnda.


Djindra


C'est dans ce village que le matériel médical de VSF est entreposé, dans la case de santé, sorte de dispensaire.
Dès le lundi matin, l'équipe médicale va trier le tas de médicaments et ustensiles qui vont servir à notre mission et aux deux autres prévues en janvier et en mars prochain. C'est du boulot et ça va les occuper jusqu'au mardi midi.


Chargement des colis


Je pars sur Choume avec Claude et Yves pour récupérer du matériel qui a été laissé par la dernière mission en Mars 2007 dans un village situé à trois heures dans un bolong assez difficile à naviguer. Mais Claude connait tous les passages.
Le soir, les repas sont pris à bord du Pjuske : c'est le seul des trois voiliers capable d'accueillir douze personnes dans son cokpit. Henriette arrive avec la nourriture complète, chaque bateau emmène sa vaisselle et repart avec, ce qui fait que pour nous c'est pas trop contraignant. D'autant que pour l'apéro, c'est Ti Punch pour tout le monde donc simple à faire.


Repas à bord du Pjuske


Le mardi, nous partons pour le village le plus éloigné de notre mission. Il s'agit de Diogane. On fera les autres villages au retour.

Le delta du Siné Saloun est composé d'une multitude d'îles et d'autants de bolongs plus ou moins navigables. Seule la rivière est balisée, le reste non. Et la marée d'un mètre environ se fait sentir partout, donc il y a des courants. Tout est très plat, avec de la mangrove partout, c'est à dire des palétuviers qui ont les pieds dans l'eau salée. Les seuls points qui captent les regards en hauteur sont les baobabs et les minarets des mosquées des villages.


Baobabs


Tout le monde se déplace en pirogues. Elles transportent plein de gens et de matériaux divers. Biensûr il n'y a aucune voiture, mais le portable passe dans chaque village.
Claude passe devant, moi au milieu et Jean Francois derrière. Ils ont 1 m de tirant d'eau alors que j'ai 1,80 m. Le jeu consiste à prendre les courbes à l'extérieur où le courant creuse un peu et où il y a donc plus de fond. Sauf que pour aller d'un extérieur à l'autre, il faut traverser le bolong et là il y a des bancs de sable.


Bolong


Il y en a aussi aux embouchures des autres bolongs et aussi aux pointes des îles. Mais tout se passe bien. Parfois on navigue tellement près du bord que Phillipe ramasse des feuilles. Au pire j'ai eu 10cm d'eau sous la quille, ce qui est quand même très peu...!


A la recherche de la passe


Le soir on est au village : tout le monde descend sauf moi qui me remet de mes émotions. Accueil par le chef du village et par des nuées de gosses. Il en sort de partout : c'est impressionnant!


Pjuske à Diogane


Après une réunion avec les autorités sanitaires (c'est à dire surtout l'infirmiere du village), les consultations commencent, ainsi que le dépistage dans les écoles, surtout pour l' opticien et le dentiste. Pour plus de renseignements sur l'action de VSF, allez voir leur site : www.voilessansfrontieres.org
Le midi, on mange au village pour moins d' 1 Euro. La base ici c' est : le riz et tout le temps avec du poisson.

Jeudi, nous allons avec l'équipe médicale à Foundiougne, la ville la plus importante du coin. Il y a une réunion avec les autorités médicales de l'hôpital. Yves et moi en profitons pour compléter les courses. On rentre fatigués le soir car c'est trois heures de pirogue à l' aller et autant au retour. On a fini de nuit sous la pleine lune. Très beau.




Vendredi et Samedi, on finit les soins : ça va vite car le village est petit. Il y a peu d'hommes entre 16 et 40 ans car ils sont tous à la pêche pour plusieurs jours, ou au boulot en brousse, ou à Dakar, ou à l'étranger.

Samedi après midi, on remballe tout le matériel (il y en a beaucoup!) et dimanche matin, on va vers Bassar, petite nav' de 1h30, mais avec son lot d'adrénaline lors des passages où il y a peu d'eau.




Depuis le début, on a des problèmes d'annexe récurrents. Celle de Choume a été volée à Dakar. VSF en a une en permanence sur place, mais son moteur, ainsi que celui de Tiki et le mien ont toujours des ratés. Parfois il n'y en a qu'une qui marche sur les trois et pour trimballer douze personnes,... c' est un peu juste!

Le village de Bassar est un peu plus gros. On est bien acceuillis, on décharge le matos et lundi matin ca démarre très fort pour tous les soignants.




Les soignants bossent dur durant trois jours. Beaucoup de monde. Pas de grosses patologies, à part quelques cas, mais ils adorent les médecins blancs et bien que la consultation soit payante (un peu moins d'1 euro), ils savent qu'ils repartiront avec des médicaments qui pourront leur servir plus tard. Ici, il n'y a pas d' infirmières, juste deux matrones, mais qui sont très compétentes et très serviables. Elles s'occupent principalement des accouchements. Mais malheureusement les villageois, à tord, ne leur font pas trop confiance pour les soins. Alors qu'elles pouraient soigner beaucoup de cas et dégager du temps pour que les médecins de VSF voient plus longtemps les malades les plus importants et les aident à faire du dépistage et de la prévention.



Il faut quand même préciser que sur ces îles isolées de tout, les gens sont relativement en bonne santé et bien portants.
Quant à l'argent récolté au cours des consultations, il est reversé en totalité à la case de santé et c'est le comité de santé du village qui la gère et qui est libre de choisir l'affectation des fonds. Pour Bassar par exemple, les consultations ont généré 150 euros. Rien pour nous, gros pour eux.




En plus des soins, les dentistes et toubibs font des séances de prévention en primaire. Et en double car dans chaque village il y a deux écoles : une coranique et une en français.
Entre Bassar et Bassoul se situe le collège qui regroupe tous les élèves du secteur des îles. Un toubib y a fait, à la demande du proviseur, un speech sur l'hygiène alimentaire et les parasites intestinaux.

Le mercredi soir, on déplace tout avec une pirogue vers Bassoul, village situé à 1 km à pied de Bassar, mais à 30 minutes en pirogue.




C'est du boulot. Il faut trouver un âne et une charette, faire deux voyages jusqu'au débarquadère, tout charger sur une pirogue, puis arrivé à destination, retrouver un autre âne avec une charette et faire deux autres voyages et tout ré-installer dans la case de santé.




Les bateaux restent à l'ancre à Bassoul et l'équipe-soignante fera l'aller-retour à pied.
Le vendredi, on prend un jour de repos car ça fait quinze jours qu'on bosse. Tout le monde est un peu tendu et fatigué. Et on est à la moitié de la mission.

Le lundi, on part à trois pour faire des courses à Ndangane. Il y a deux pirogues par semaine depuis Bassar. Il faut trois heures aller et autant retour.
Au retour, on ramène en plus de quinze personnes avec leurs courses, quatre tonnes de ciment et une de fer à béton. La pirogue est enfoncée à fond. Il y a toujours un des deux aides du piroguier qui vide les fonds avec un seau et l'autre qui bouche les plus grosses fissures avec du papier de sac de ciment qu'il enfonce avec un couteau dans les interstices.



Gentiment le piroguier me laisser mener la barque durant la dernière demi-heure.



Il y a à Bassar un gars qui bosse en Espagne comme pêcheur, donc un riche. Et il fait une maison en dur. La grave est transportée en sac ou en vrac, le ciment en sac, le tout depuis Ndangane à la main ou sur des charettes, du débarcadère au chantier.



On reste à Bassoul jusqu' au mardi soir.
Le mercredi on déplace le matériel vers Nghadior.
Les bateaux font le chemin le jeudi. Dans le bolong principal ça va, mais dans le bolong de Nghadior c'est très étroit et peu profond par endroit. On mouille devant le village, j'ai touché le fond une fois.



On est obligés de mouiller une ancre devant et une derrière car les bateaux ne peuvent pas tourner à chaque marée.



C'est la première fois que VSF vient ici. On est reçus à bras ouverts grâce aux instits qui ont tout organisés. D'abord accueil par les anciens du village dans la case à palabre, puis par les femmes avec chants, danses et tam tam.



On doit tous danser. Puis repas avec les instits et l'agent de santé : Mamadou.



Le vendredi boulot, soins et prévention dans les écoles. Samedi et dimanche aussi.



Vendredi, Jean Francois, le bricoleur du groupe, démonte pour la énieme fois le moteur de l'annexe de VSF. Je lui file un coup de main. On fait ça sur la plage. On est entourés d'une nuée de gamins, tous très sympas d'ailleurs, mais qui mettent une pagaille terrible. Ils touchent à tout, les outils, les pièces, et il y en a beaucoup quand on démonte un moteur hors bord. Les grands poussent les petits, ils se mêlent de tout et petit à petit on disparait nous et le moteur sous une masse noire. Un coup de gueule, ils s'écartent d'un coup, on rigole et on peut respirer deux minutes avant que ça recommence. Par contre aucun risque de vol, mais faut accepter de voir ses clés et tounevis circuler entre les mains de tous ces gosses. Dimanche, on achète un agneau. Les femmes le font cuire en sauce et on le mange avec les instits à midi. Le soir, après une réunion d' information sur le choléra, on est invités à une fête au centre du village avec les femmes au tam tam.



On quitte Nghadior pour Tialane le lundi. Le courant descendant nous pousse vite et on a le temps d'intaller le matériel et de faire la réunion préparatoire avec les anciens et l'agent de santé avant la fin de la journée.



On ne restera que deux jours ici malgré un bon acceuil, mais la fin de la mission approche.



Mercredi en fin de journée, on revient à Djirnda. On passe la journée de jeudi à déposer le matériel à la case de santé où on a un petit local et à tout ranger pour la prochaine mission de VSF qui aura lieu mi-janvier 2008.



Quant à nous, on recharge les colis que nous avons emmené de France et cap sur la Casamance pour y passer les fêtes.