Traversee 1

Traversee No 1 du Pjuske


Pour faire cesser le mal de mer : s'étendre au pied d'un pommier. - (Candide)


Emile à la barre

Arrivée aux Canaries

Cours d'anglais

Douche

Foie gras et Sauterne

Le capitaine

Lecture

Equipage à 6h du mat

Mosquée à Casablanca

Noel 1996

Le port de Casablanca

Les Manu

On est six, partis pour trois semaines, direction Porto où je compte laisser le bateau. En plus des quatre Bernard, il y a Mathieu le fils de Pierre et Sylvain, un copain de Sigrid. Il n'y a que Mathieu et moi qui sachons naviguer. On quitte la Rochelle un beau matin d'Août par un léger vent d'est. La traversée est calme on a même besoin du moteur quelques fois. Personne n'est malade. Les nuits sont pleines d'étoiles filantes.

Arrivée sur Gijon au milieu d'une foule de pêcheurs à 5h du matin avec Tove et moi sur le pont. On décide d'aller un peu plus à l'ouest pour notre premier port. Ce sera Cudillero. On reste bloqués par le brouillard à Ribadeo sur une rivière durant trois jours. On se croit en Bretagne : portes de maison en granit, cidre, cornemuse, temps pluvieux ou couvert.
Emile à la barre

Après on cabote de port en mouillage jusqu'à La Corogne. Notre plus belle escale sera le mouillage de Cedeira. On ne voit plus la mer, on mouille près d'une foret d'eucalyptus, l'eau est bonne, ce sera une de nos seules baignades car après elle se refroidit le long du Portugal. Le soir, resto en amoureux pendant que les quatre ados font des bêtises à bord.

La Corogne, en Galice, capitale de la province de la Corogne est un port sur une presqu'île de l'océan Atlantique. C'est un important port de pêche abritant des chantiers de construction navale, des usines métallurgiques. Les maisons construites le long du port se caractérisent par leurs façades entièrement vitrées qui valurent à la ville d'être appelée la «!cité de cristal!». Parmi les autres centres d'intérêt de la ville, on retient la tour d'Hercule (torre de Hércules), ancien phare romain rénové au XVIIIe siècle, une enceinte et plusieurs églises médiévales, notamment l'église de Santiago (XIIe siècle) et l'église Santa María del Campo (XIIIe siècle). Fondée par les Ibères et occupée par les Phéniciens, La Corogne passa sous autorité romaine au Ier siècle av. J.-C. En 1588, Philippe II fit partir de La Corogne l'Invincible Armada en direction de l'Angleterre, mais l'année suivante, le navigateur anglais sir Francis Drake s'empara du port galicien et le détruisit presque entièrement. Les Français prirent la ville en 1809 après avoir battu les troupes anglaises du général Moore.
Le capitaine

A la Corogne, on reste quelques jours car je dois réparer le collecteur d'échappement du moteur. C'est une très belle escale avec une bonne ambiance nocturne dans les ruelles remplies de bars et de restos surtout spécialisés en poissons et fruits de mer. On repart après une dépression mais un peu trop tôt car on bataille huit heures au prés en avançant difficilement contre du vent d'Ouest. Je décide de retourner à La Corogne car le cap Finistère risque d'être dur dans ces conditions. On refait le chemin inverse au portant très vite et le soir on est de retour. Comme prévu, le vent passe au nord dans la nuit et le lendemain deuxième tentative.
Douche

Le vent du nord nous propulse vers le cap que nous passons à la tombée de la nuit avec les dauphins. Puis, dans la nuit, le vent monte, le gps tombe en panne et je mets à la cape vers 3h car je ne veux pas rentrer de nuit à Bayonna. Le matin, on fait l'entrée à Bayonna et avec Mathieu et Sylvain on surprend le barman du club nautico en prenant une bière à 9h du matin. On reste une journée à Bayonna, vielle ville avec de beaux remparts où Christophe Colomb accosta au retour de sa première traversée. Le lendemain, dernière nav jusqu'à Porto. Le vent est fort et plein arrière. Le génois est tangonné et la grand voile a un ris, en ciseaux. On fait des quarts de 1h chacun et il n'y a que Sigrid et moi qui arrivons à tenir 10 nœuds de moyenne à l'heure sur le fond. Il y a du courant avec nous. Le Pjuske n'est jamais allé aussi vite à part dans la Gironde où il a fait une fois ses 11 nœuds.

On est à Porto en fin d'après midi. On visite la ville et les caves puis le lendemain on rentre tous en bus vers Bordeaux.
Equipage à 6h du mat

Le bateau sera bien gardé dans le port de Lexoies qui est très bien protégé. Début Novembre 1996, nous voici de retour à Porto avec Emile après une nuit de bus depuis Bordeaux. Le lendemain arrivent, de Suisse, les deux Manus.
Les Manu

Manu D, le fils à mon copain Léo, 22 ans et qui connaît bien les bateaux au niveau bricolage. Manu J, le copain du précédent, futur banquier suisse mais je ne suis pas intéressé car le Pjuske a englouti toutes mes économies. Après avoir fait les courses, on appareille le 7 Novembre après avoir pris la météo à cinq jours auprès d'un serveur que je ne nommerais pas ici et qui pour 200 Francs m'a prédis grand beau durant cinq jours avec calme les deux derniers jours. Les deux premières nuits sont calmes mais avec énormément de trafic le long du Portugal et en face de Gibraltar. Le dimanche a 11H40 TU (temps universel) Arielle Cassim de Radio France International nous annonce la météo. On l'écoute depuis la Corogne jusqu'aux Antilles.

Sur ces grandes traversées, c'est notre seul lien avec la terre et tous les matins c'est le même rituel : on écoute Arielle comme tous les marins qui vont vers les Canaries puis vers les Antilles. Ce matin elle annonce sur notre zone un coup de vent. Ca jette un froid mais bon, on est prêt ainsi que le bateau. L'après-midi se passe bien et on voit près de nous deux belles baleines qui ne rassurent pas Manu D. Le vent commence à forcer en début de nuit, mais jusqu'au matin on gère tout ça, bien qu'on soit obligés d'abattre de plus en plus. Au lever du soleil, le spectacle est saisissant. Temps gris sale et mer idem. Les vagues sont hautes et ça déferle. On essaye une cape courante mais on est très secoués. On est a deux cent milles du Maroc et on a de l'eau à courir donc je décide, malgré la mauvaise réputation du coin, de mettre en fuite vers l'est. On prend les vagues 3/4 arrière et ça va à peu près. Vers 18h, le vent est toujours aussi fort et la fatigue aidant (on est lundi soir et je ne dors pas depuis dimanche matin), je décide de prendre la cape sèche c'est-à-dire d'affaler les voiles et de laisser le bateau se débrouiller tout seul. La nuit est très longue. On a réussi à avoir un cargo francais à la vhf et il nous annonce un force 10 en ce moment sur la zone. Il est en attente au large car il attend des ordres pour aller à Casablanca où poursuivre en Méditérannée. Il reste en contact toute la nuit avec nous et un autre voilier nommé Grand Manege avec à bord un couple et quatre enfants. Le lendemain, ça se calme un peu et on remet en route toujours en fuite. En début d'après midi ça se calme, je propose de repartir sur les Canaries mais tout le monde veut aller se reposer à Casablanca qui est à quatre vingt milles. On y arrivera à 2h du matin, soit plus de 50 heures après le début du coup de vent. Emile est resté tout ce temps en bas avec gilet et harnais en permanence.
Mosquée à Casablanca

Le lendemain, à 8h du matin, douane et police. L'intérieur du bateau est en vrac et ces braves fonctionnaires s'étonnent qu'on puisse aller en mer avec un temps pareil. On reste trois jours à Casablanca à ranger et à se balader. Les marocains sont sympas et les souks incroyablement variés. Il n'y a pas de touristes à cette époque et l'ambiance n'en est que meilleure. On est que quatre bateaux au port, tous poussés ici par le coup de vent.
Le port de Casablanca

Après quatre jours, départ vers les Canaries. Les premières vingt heures au moteur puis après on trouve du vent . C'est une traversée tranquille de six jours qui nous fait oublier les aventures de la semaine précédente. Les îles Fortunées apparaissent devant l'étrave et on se dirige vers Santa Cruz la capitale de l'île de Tenerife.
Arrivée aux Canaries

Il y a là des bateaux qui, comme nous, préparent la grande traversée. Nous avons une entrée d'eau au niveau du tube d'étambot (passage de l'arbre d'hélice) et on va à Radazul, à 5 milles au sud pour sortir le bateau de l'eau. Manu D et moi réparons tout ça en une journée et après c'est les courses.

Il faut beaucoup de choses pour un mois de traversée. En plus des trois cent litres d'eau du réservoir, on prend un litre d'eau par jour et par personne en bouteille. Le soir quand tout est posé sur le quai c'est assez impressionnant. Départ le lendemain 28 Novembre 96 direction la Guadeloupe. Je suis malade pendant mon premier quart de nuit mais je ne lâche pas la barre. Le lendemain on voit encore le Teide le matin. Il faut dire que c'est le plus haut sommet de l'Espagne. La vie à bord s'organise : nous faisons des quarts de 3h, Emile étant dispensé de quart vu son age, il y en a un qui veille, un qui dort, un qui baille aux mouettes.
Cours d'anglais

On se retrouve que pour la météo d'Arrielle à 11H40, puis aux repas de 12h et de 18h suivi du coucher de soleil toujours différent tous les soirs.

La première semaine, on marche vite. Mais au cours d'une inspection du grément, je découvre un gendarme sur un bas hauban et m'aperçois qu'il est desserti sur cinq millimètres. Après réflexion, on hisse Manu D aux barres de flèche à huit mètres environ pour passer une drisse qu'on étarquera au winch pour soulager le bas hauban. Bravo Manu ! c était pas facile. On surveille les progrès du mal tous les matins et ça ne bouge plus. La seconde semaine, les alizés sont partis souffler ailleurs. On se traîne, surtout pendant trois jours dont un où on a même reculé.
Lecture...

On en profite même pas pour se reposer car il fait très chaud et la mer est remuée par de la houle qui doit venir d'une lointaine dépression très au nord. Emile et moi nous décidons d'aller à l'eau. Pas de danger de toucher le fond , il y à cinq mille mètres d'eau. Nos Suisses sont très hésitants mais voyant qu'on remonte sans s'être fait manger par des requins, ils se décident à nous suivre.
Foie gras et Sauterne

On pêche aussi deux dorades, on réussit à les emmener à l arrière du bateau mais des qu'on a voulu les hisser à bord, elles ont explosé la ligne. Depuis, j'ai une gaffe pour les harponner dans l'eau.

La dernière semaine est variable en vent et après 26 jours nous voilà à St Francois en Guadeloupe, le 24 décembre.

Il était temps Manu J a son avion l'après midi même et son premier boulot en suivant. Il a juste le temps de se baigner dans le lagon, de nous payer le resto et le voilà parti. Il a aimé le Pjuske car trois ans et demi après,avec sa charmante épouse Denise, ils ont réalisé à bord l'œuvre de leur vie : le petit Maxime. Avec l'autre Manu, on profite de la vie en attendant Tove qui arrive début Janvier pour six semaines.
Noel 1996

Emile est très content de voir sa mère après la traversée et nous partons pour les Saintes où nous laisserons Manu D qui a trouvé un job en Guadeloupe. Puis nous remontons la côte sous le vent et partons vers le nord .