Traversee 3 |
Traversee No 3 du Pjuske |
Une maison n'est qu'un bateau mal construit et qui en plus, est si bien amarrée qu'on ne peut même pas songer à la déplacer. |
![]() Hortensia à Horta |
![]() Port d'Horta |
![]() Volcan aux Açores |
![]() Olivier |
![]() Jean |
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![]() Peinture du Pjuske à Horta | ![]() Gros temps | ![]() Encore du gros temps | ![]() Toujours du gros temps |
![]() Arrivée à Bordeaux |
Début Juin me voilà de retour à Pointe-à-Pitre. Olivier est là depuis trois semaines et Jean depuis huit jours. Ce sont deux jeunes qui débutent à la voile mais ils sont très motivés. Olivier est instit, il a pris une année sabbatique et Jean a pris cinq semaines de congés. Emile arrive le 10 Juin et en l'attendant on sort le bateau de l'eau pour un bon carénage et tout vérifier. Dès qu'Emile est là on fait une journée randonnée dans la forêt tropicale, une journée plage et on part. Les courses sont faites pour un mois à quatre mais maintenant on a l'habitude après deux transat. Pour éviter de faire le tour de la Guadeloupe, on coupe par la rivière salée qui coupe l'île en deux. Il faut être à 6h au pont levant pour passer. On part donc le soir pour mouiller juste à côté du pont. On a que trois milles à faire mais le pilote déconne et marche bizarrement. Je décide un prudent demi tour. Apres vérification, c'est une carte électronique qui est HS et moyennant 2000 francs on peut repartir le lendemain. ![]() On est déjà le 12 Juin et on a grosso modo un mois de retard par rapport aux autres bateaux qui font la traversée retour. Un cyclone serait exceptionnel à cette date mais pas une bonne dépression tropicale donc il me tarde de remonter vite vers le Nord. On avance bien au près pendant trois jours, bien secoués mais tout le monde en forme. Les quarts sont comme à l'aller, trois heures chacun, avec une nuit entière tout les quatre jours pour décaler les quarts. Après ça se gâte. On a quatre jours d'orages très violents. Entre les orages peu ou pas de vent. A chaque orage, il faut tout affaler, débrancher l'électronique et couper les batteries. Ils sont très violents, le vent est fort mais ne lève pas de mer car ça ne dure en général qu'une heure ou deux. Après, on repart doucement. Ca va durer quatre jours comme ça. En Guadeloupe, la grande discussion portait sur la meilleure route à faire pour rallier les Acores. Route directe ou aller au Nord pour chercher les dépressions d'Ouest. Nous, on n’a pas eu de question à se poser car on a serré le vent au maximum et on a fait du près cap au Nord pendant treize jours jusqu'au 37ème degré Nord avant de toucher les vents d'Ouest. On n’avance pas vite, la journée la plus faible étant de trente neuf milles. Mais ça va mieux depuis qu'on fait une route directe vers les Acores. La vie est toujours pareille à celle des autres traversées. Météo, apéro et repas ensemble, puis farniente jusqu'au soir. Pendant quatre jours on a des dauphins qui viennent nous voir le soir. ![]() On est sorti pendant quelque temps des zones météo de RFI, et on y revient en rentrant dans la zone de Ridge. Lors de la météo du matin du 29 Juin, le seul coup de vent annoncé sur tout l'Atlantique est situé sur le quart Nord Ouest de Ridge. Pas de pot c'est pile là où on est. Le vent monte en soirée, on doit barrer, et vers 2h du matin on prend la cape pendant quatre heures en attendant que tout se calme. On a toujours des pannes de vent. J'ai pris 80 litres de gasoil en bidons en Guadeloupe, ce qui porte mes réserves à 240 litres soit 70h de moteur. On l'aura fait marcher pendant 50h en tout sur la traversée quand on en avait marre de se traîner à deux nœuds. ![]() Enfin les Açores apparaissent à l'horizon le 9 Juillet 2001, après 27 jours de mer. On est en retard, Tove et Sigrid nous attendent depuis 6 jours mais ne sont pas trop inquiètes. Ca fait plaisir de se retrouver. On a rien cassé donc on peut se promener tranquillement sur l'île de Faial. Les Açores sont très belles, avec de vieux sommets volcaniques, peu touristiques, pas trop chaudes en été, et les Portugais toujours aussi gentils. On prend un ferry pour passer une journée à Pico. Ballades en montagne et baignades dans des piscines naturelles d'eau de mer. La tradition veut qu'à Horta chaque bateau qui passe fasse un beau dessin sur la jetée avant de repartir. C'est Jean et Olivier qui font le notre et il est magnifique, voyez ça sur la photo. ![]() De là, on file au mouillage à Sao Jorge pour deux jours. Sur cette petite île on voit des maisons immenses : ce sont celles d'anciens immigrés aux Etats-Unis qui en sont les propriétaires. Il y a énormément d'habitants de ces îles qui ont immigré. Ils reviennent tous les étés et on a même vu un soir un bal des immigrés. ![]() On fait une navigation de nuit pour aller à Terceira. Sur cette île on assiste à un genre d'encierro. Les rues du village sont fermées ainsi que les portes des jardins et des garages. Un taureau est lâché dans les rues seulement attaché par une très très longue corde tenue par quelques costauds. Les gens sont perchés sur les arbres, sur les toits ou les murs, ou derrière les murs de jardins. Les plus courageux sont dans la rue devant le taureau. Au bout d un quart d'heure, malgré les dénégations de Tove, Emile et moi, nous quittons l'abri de notre portail pour aller courir devant la bête. On a pu se faire peur sans vraiment prendre trop de risques. Dernière étape: Sao Miguel. Même programme, montagne, volcans, bons petits restos, hortensias partout, piscines naturelles. Trois semaines passent vite dans ces îles enchanteresses et les filles prennent l'avion pour Bordeaux. Jean nous quitte aussi et c'est à trois que nous quittons les Açores le 26 Juillet, cap au nord ouest, vers le Golfe de Gascogne et la maison. ![]() La première semaine est excellente, la mer est très belle, le vent léger de l'arrière, et Olivier fait des prouesses à la cuisine. Des trois traversées c'est la semaine la plus tranquille. Le génois est tangoné et j'ai un foc léger endraillé sur l'étai largable à l'opposé. On ne touche à rien et on avance gentiment. On bouquine, on fait d'interminables parties d'échecs, on papote et la vie est belle. Après ces huit jours, on ramasse un coup de vent de nord-est en plein face à notre route. ![]() Plutôt que de faire du près qui fatigue le bateau et l'équipage, et qui nous aurait emmené trop au Nord ou trop près du cap Finistère, je décide de prendre la cape. Ca durera deux jours. Après on refait route, mais bien sûr, le vent tombe et c'est au moteur et de nuit qu'on coupe la route des cargos au large du cap Finistère. Toujours aussi impressionnant la nuit, il y en a partout. Je traverse avec Emile le rail descendant, puis je vais dormir et le laisse se débrouiller pour traverser le rail montant. Plutôt que d'attaquer le Golfe de Gascogne avec le réservoir trois quart vide on préfère se dérouter vers La Corogne pour refaire le plein. L'été dans le golfe, c’est pas de vent ou trop de vent. Dans le premier cas il vaut mieux avoir du gasoil. ![]() La Corogne est toujours aussi sympa, mais on repart après une journée le 5 Août 2001 Deux jours et demi plus tard on est à l'entrée de la Gironde à la bouée BXA. On a navigué dans du temps gris et couvert avec du vent d'ouest. La première nuit, les feux de route tombent en panne. Un pécheur vient sur nous, mais Olivier qui est de quart l'imagine beaucoup plus loin, il faut dire que lors de la traversée on a vu peu de bateaux, toujours plus gros et plus loin. Pris d'un doute il me demande de monter, j'entends déjà le moteur du pécheur d'en bas et le temps de sortir il nous passe 50 mètres derrière. Ou il nous avait vu au radar ou on a eu beaucoup de chance. ![]() La nuit suivante j'ai réparé mes feux de route mais on croise la Solitaire du Figaro et c'est eux qui parfois n'ont pas de lumières. Ils naviguent au près, on en voit tantôt bâbord amure tantôt tribord amure. Ils se suivent de près sur la route de Gijon et doivent en baver de nuit dans cette mer hachée. Ca dure trois heures environ puis on se retrouve seuls. On arrive vers 2h du matin à la bouée d'atterrissage, j'ai envie d'attendre le jour pour prendre les passes mais Emile et Olivier veulent entrer de nuit. Je cède à l'impétuosité de la jeunesse. Mais de nuit avec du vent fort c'est pas facile à négocier. Le secteur est mauvais et il ne faut pas rater les bouées, les feux, et les phares avec un vent de 25 nœuds et un courant très fort. A 6h, on est amarrés à Royan. A midi Bébert et Bernard, les deux équipiers de la transat aller, sont là pour faire avec nous la dernière étape : la descente de la Garonne jusqu'à Bordeaux. Comme ce sont de bons copains, ils ont pensé à emmener l’entrecôte et le bon vin. ![]() La descente se fait sans histoires et à 21h on est à quai attablés devant un beau plateau de fruits de mer avec quinze personnes à bord. Ca fait un an et quelques jours qu'on est parti de la Rochelle avec Emile et on est très content de ces deux belles transat. |